lundi 15 juillet 2013

RIVIÈRE MULTICOUCHE

Une rivière multicouche en photomontage ça donne ça :

In catalogue D-DAY Centre Pompidou 2005


En métaphore culinaire, c'est Frédéric Danos et Sylvie Astier qui s'y consacrent une pleine journée.

De lui on dit qu'il cuisine et écrit ensuite, ça donne ce qui suit ici.

samedi 15 juin 2013

DESIGN AU BANC - VIA - CENTRE POMPIDOU - JUIN 2013


J'ai été invité hier par le VIA et le Centre Pompidou dans le cadre de Design Au Banc - leur tribune conjointe sur l'actualité du design -, à porter une critique sur deux expositions se déroulant à Paris en ce mois de juin 2013.

La première était celle des frères Bouroullec au Musée des Arts Décoratifs.
Je n'ai que peu de chose à en dire : cette exposition fut terriblement ennuyeuse, perdue au vingt-et-unième siècle, occupant un espace et un budget que l'institution ou les designers auraient pu consacrer à autre chose… mais cela leur demanderait de se positionner hors de la commande.

La deuxième exposition était beaucoup plus problématique : il s'agissait d'En Vie à la fondation Electra (EDF).
Expo didactique et idéologique au service du storytelling de la biologie synthétique mise en scène à travers de multiples projets de designers, principalement anglo-saxons. En préambule, il fallait voir au sous-sol, le film de Carole Collet -commissaire de l'exposition- annonçant sérieusement "qu'avec 6 milliards de terriens, les manufactures du futur devront devenir des biofactures, à condition qu'on laisse se développer la biologie synthétique." !!! Elle ajoutait ensuite qu'évidemment "se poseront des questions d'éthique" et qu'on n'oublie pas la place du designer "quand tout deviendra programmable". On ne saurait trop la remercier de ce léger prologue sans fioritures. Que les indignés se rassurent, les questions techniques et morales seront prises en charge par ceux qui vous veulent du bien.
Ce qu'on voit ensuite est typique de ce genre de commerce de l'exposition : la compilation de toutes les subjectivités de designers qui s'expriment et donnent lieu à un projet. Chacun y va de sa bonne idée de transformation du vivant au service d'une humanité souvent restreinte. Le but c'est de nous sauver physiquement avec tous nos habitus et tous nos artefacts inchangés : que les abeilles fabriquent nos vases et nous serons sauvés. 
Et que les designers acceptent leur rôle : transformer la science en fictions puis en réalités.
Heureusement un projet abuse du dispositif et le détourne : c'est le cas de l'excellent Arne Hendriks qui propose de réduire l'homme pour résoudre les problèmes de ressources planétaires, dans un dispositif de start-up optimiste, qui présente un modèle de recherche par étapes où les verrous techniques et éthiques sautent les uns après les autres, dans un jeu d'accumulation des grandes obsessions de la validation scientifique. Grâce à lui seul dans cette exposition, la prospective se radicalise, le dérapage se fait "en toute sécurité": les spectateurs s'inquiètent enfin.
Cependant la faiblesse analytique d'une telle expo financée par EDF est symptomatique de l'incapacité des grands groupes à produire une prospective intégrant sa propre critique. Pour En Vie, il aurait été nécessaire d'opposer une approche écologique. Pour être critique il aurait fallu interroger la question des seuils en technique, il aurait fallu parler du vivant, de la difficulté à le maitriser, de l'impossible existence des cercles vertueux. De la prospective en tant que telle aussi, on aurait pu rappeler à quel point c'est un outil de propagande qu'on devrait soumettre au débat sur sa forme. Rappeler que la prospective est un bien commun et que les designers doivent revendiquer les moyens d'impliquer la collectivité dans son élaboration.

Design au Banc est une initiative intéressante qui permet de déconstruire les discours et les dispositifs conventionnés de l'exposition et du show. J'ai aimé entendre la critique formulée par les étudiants de Paris I (dirigés par Pierre-Damien Huygue) : lecture fine des dispositifs visuels et spatiaux de l'exposition. J'ai trouvé le public amorphe et les deux autres critiques plutôt dans la doxa du design pour revues de déco. Je crois que le débat doit être beaucoup plus vif. Que les postures circonstancielles doivent être mises en danger au moment où elles existent : une critique en temps réel, accolée au flux ininterrompu de l'événementiel. Pour le ralentir aussi.

jeudi 6 juin 2013

DESIGN AU BANC - CENTRE POMPIDOU - VIA

Parole au design
DESIGN AU BANC (18)

JEUDI 6 JUIN 2013, 19H, PETITE SALLE
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Décryptage de deux expositions visibles à actuellement à Paris : Ronan et Erwan Bouroullec : Momentané au musée des Arts Décoratifs et En vie, aux frontières du design à l’espace Fondation EDF, ainsi que de l’événement Designer’s Days (Paris) du 4 au 9 juin, abordé à travers trois objets choisis et analysés par chacun de nos trois critiques. Un groupe d’étudiants de la Sorbonne nous donnera son point de vue sur ces sujets.
Nos critiques présenteront également leur chronique en lien avec l’actualité : une réflexion sur l’impression 3D d’armes à feu A gun for fun d’Olivier Peyricot et un sujet intitulé Marseille 2013, entre réinvention et rétention traité par Yann Siliec. Maëlle Campagnoli se penchera sur le rapport entre le design automobile et l’univers domestique.
Avec Maëlle Campagnoli, journaliste, chef de rubrique design, Architectures à vivre, Olivier Peyricot, designer, Yann Siliec, directeur artistique et journaliste. Design au banc réunit trois critiques (journaliste, enseignant ou chercheur) et les invite à décrypter, dans le cadre d’une discussion ouverte, une sélection d’évènements significatifs dans l’actualité du design (expositions, livres, objets, architecture intérieure, etc…).
Modération : Michel Bouisson (VIA) & Romain Lacroix
En coproduction avec le VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement)

mardi 16 avril 2013

EXTENSION DU DOMAINE DE LA PROSPECTIVE - GRAND LYON 12 AVRIL 2013

Projet de Ferme Aquaponique développé pour le site Condorcet de Marne-La-Vallée - 2010

Présentation lors du colloque "Extension du domaine de la prospective" du projet de Ferme Urbaine développé à la suite de plusieurs prospectives urbaines sur le Grand Paris, projet sur lequel j'ai travaillé plusieurs années de 2007 à 2011. 
Les prospectives urbaines sur le Grand Paris font parties d'un ensemble de recherches que j'ai entrepris sur les "échelles" du design et sur son rôle dans la définition politique du territoire. 

mardi 9 avril 2013

LECTURE HOMELESS Vs DESIGN For DESIGN POVERTY FICTION FESTIVAL at GRAND HORNU



Homeless Vs Design : ARPENTER UN NOUVEL ESPACE COMMUN





L’énigme.

Le design était devenu un métier à force d'artificiel dans nos veines.
Il était d'un ennui mortel tant il excitait le goût de l'anecdote.
Il passait son temps à dissimuler le réel, jusqu'à en prendre sa place.
Mais souvenez-vous : le design contenait un projet de vie tout au début.
Il ne devait pas avoir de limites formelles, quoiqu'on en raconta.
Il devait être un espace collectif dans lequel on réclamait son propre espace.
Il pouvait se designer lui-même, s'autogénérer, se modeler.
Ce design oublié et à venir considère depuis toujours que le cadre de vie est une énigme.
(AC&OP)

photo Stéphane Pigeyre 1994


Radis Noir

Qu'est-ce que c'était ? 
Un camion aménagé, construit par un groupe d'architecte, designer et étudiants, la production de projets pour les sans-abris, une association loi 1901, un terrain à arpenter : Paris by night / 3 nuits par semaine / 200 personnes rencontrées chaque nuit autour d'une boisson chaude / une année de l'automne 93 à l'été 94 avec (et initié par) Jérôme Gerber, Laurent Niget et Hélène Schwœrer.


Avec Radis Noir, un premier espace distordu - spatialement tout d'abord car nous n'étions que nomades, ils étaient multitudes - le nomadisme dans l'acronyme SDF est une provocation administrative. Une personne sans domicile, mais une personne fixe : fixée par les lois, par l'impossibilité réglementaire et économique du mouvement. Nous étions nomades et ils étaient fixes. Tout l'espace nous appartenait mais nous ne les rencontrions point… au départ. Puis nous sommes devenus fixe, à côté des points de distribution de repas de l'Armée du Salut : le projet changea radicalement alors. (Est-ce ça la radicalité en design ? le projet qui se modifie brutalement ? est-ce cet instant de rupture, bref, circonscrit avant que les choses reprennent leur cours…).

> une tentative de design auprès des sans abris me permettait de toucher les bordures du rêve du designer : 'usager précaire', celui qui dépend des imaginaires de conception de façon absolue. 
> Cette communauté humaine soumise à l'exigence du minimum vital au coeur même de la ville était l'occasion de produire un projet sans pathos (nous regardions la rue comme potentiel d'invention, l'urbain ne nous faisait pas peur, après tout, n'en étions nous pas les auteurs au sein de nos pratiques ?), où l'on allait parler du corps, de la faim, de la survie… 
> on voulait travailler à l'intérieur de la frontière comme dans ce projet de clinique communautaire Gesundheit! Institute en West virginia (USA) où le malade participe à l'élaboration du soin mais aussi à la construction et à l'entretien du bâtiment.
> c'était aussi la possibilité d'une entrée fracassante dans le design car la porte était franchie du côté du mur des utopies -  grâce à Jérôme Gerber (expérimenté, lui travaillait sur le déracinement des êtres, dans l'espace entre Terre et Mars ou entre l'Algérie et la France*). 
Pour ma part, je cherchait à voir quelle était l'étendue cachée du design comme possibilité.
> L'expérience fut bouleversante car elle fut un échec au sens de l'efficacité du programme, de la puissance de l'action. Mais elle était une réussite dans le sens qu'elle obligea à déployer immédiatement des stratégies convergentes avec nos vivants usagers (et oui, le vivant est contraignant pour l'esthétique du monde : il n'est pas "design" !), et qu'elle permit d'affirmer que le sans toit est aussi bien inacceptable du point de vue de la souffrance humaine que du point de vue de l'architecture. Et qu'à l'opposé, vivre sans toit ni loi était au-delà de mes connaissances, le territoire que je voulais alors découvrir.

5 histoires qui arrivèrent autour de Radis Noir :
- histoire des sociologues dont l'a priori nous prévint : on ne devait pas tendre la main, car c'est le bras qu'ils prendraient. "Et alors ?" réponse de cet anar de Jérôme. "No risk, no fun" fut la notre. D'ailleurs ce sont leurs collègues qui eurent l'idée brillante de catégoriser les gens par ce terme de SDF. Un bureaucrate bien intentionné dans son travail de bureaucrate méritant a eu la bonne idée de créer la case en reprenant l'acronyme bien pratique de SDF : la catégorie existait pour longtemps, on allait pouvoir enfin les compter. Adieu clochard céleste, le mal fut fait.
- histoire des restaus du cœur : le marché du pauvre : lorsque nous arrivons à Gare de Lyon les gars des restaus du coeur qui servent leur repas à proximité nous demandent de déguerpir. Le territoire est morcelé et il sera difficile d'arpenter en proposant autre chose : le minimum vital s'impose, l'urgence a ses exigences qui ne tolère pas au fond qu'on se détache du sujet immédiat : se reposer, manger. 
- histoire des prostituées, des toxicos, du mac, est-ce qu'on se lie à eux ? comment les voit-on alors, O mon frère, mon semblable. Ou au contraire usager précaire, mon sujet, mon projet ? Quel est cette personne au visage gris de la toxicomanie et du sida qui a le même âge, qui pourrait être ma copine et là, impossible de la penser autrement que comme sujet d'une histoire à laquelle j'apporte un nouveau decorum. Radis Noir fut un décor de la précarité, un camion qui passe dans le paysage des rues et des places, la nuit, éclairages blafards obligatoires.
- histoire des profils : jeunes russe, jeunes arabes, vieux célibataires, miséreux, alcoolos, déclassés, nevropathes, baratineurs, sociaupathes, sociophiles, eastern en transit, éclopés, esclaves…
- histoire de l'intention de départ : flamboyante, ambitieuse, mais dès le premier soir nos maraudes étaient inefficaces. D'où retournement immédiat - quête de ressources : la nourriture un après-midi devant l'hypermarché = 1 an de subsistances. Plus tard, nouveau retournement : le vol du camion par les copains sans-abris avec qui on sympathise et qui à force, un jour, prennent le volant… et disparaissent. Puis l'épuisement et la fin. Et si les sociologues avaient raison ?
En apparence seulement.



F=F, Fenêtre = Fanzine

Qu'est-ce que c'est ? Un fanzine au format d'une fenêtre ouverte sur nos espaces de projet à venir. Écrit et dessiné à quatre mains avec Anne Chaniolleau.
Je crois à l'avénement d'un post-design qui serait l'expérience sociale, l'expérience humaine, la relation, dans la rivière (F=F), à la rivière. Analytique et critique, détricotant le modèle consumant du design actuel. Inventant la politique du mouvement, assemblant l'objet de nos relations : enfin une représentation de notre état qui soit politique et pratiquable. Pour le moment nous y bâtissons quelques fenêtres pour essayer d'y voir des chemins au loin, des nuages objets, des maisons sous les cascades, une assemblée européenne sous le Rhin, des processions, des amours…

Les Flux, les Mouvements 

J'ai voulu parler de Radis Noir et des sans-abris parce qu'ils appartiennent au grand ensemble des oppositions modernes : nous étions nomades, ils étaient fixes. Par la culture et par l'aspiration existentielle nous bougions, nous constituions notre parcours, notre chemin vers un but de rencontre et de collaboration. NOUS ÉTIONS DE CEUX QUI PEUVENT SE VOIR, s'anticiper  Et eux, nos compères nombreux dans l'infortune étaient fixes, pris là où la pauvreté empêche tout mouvement, où l'administration normalise, puis restreint et contraint à ne plus bouger : comment voulez-vous que je vous compte si vous bougez tout le temps ! On le sait, le paradoxe ; les capitaux sont en mouvement,  la fiscalité avantage le mouvement des riches, les vacances emmènent ceux qui peuvent sur les routes, les transit se font dès que l'argent le permet. La misère appelle la sédentarisation. L'état produit la case dans laquelle on fixe le sans-domicile. Le designer n'opère alors plus de stratégies de projet mais seulement des tactiques fertilisantes.  

J'ai voulu présenter le fanzine F=F comme état de la recherche d'un "au-delà" au projet du design, car, en tant qu'énigme, il n'est pas au rendez-vous des formes produites, ni au rendez-vous des "statements" des designers contemporains, ni au rendez-vous des attitudes autonomistes des artistes.  Je crois sincèrement qu'il est ailleurs dans une dimension dont on n'a pas vraiment conscience de l'ampleur, on ne la voit guère comme une question d'échelle : nous sommes sur un continent en mouvement tectonique, mais aussi nous tournons par gravitation, mais aussi nous sommes accueillis bien mal dans le social boat européen. Alors nous avons émis quelques hypothèses : et si c'était comme "acheter une rivière". On achète quoi ? l'eau, le mouvement : qu'est-ce qu'on possède à la fin ? L'idée de la rivière, le roulement des particules d'eau l'une sur l'autre, les multicouches de la rivière, le limon, la faune et la flore ?

*Jérôme Gerber nous a quitté en 2010. Architecte des déracinés, il a crée dans les années 80 la seule agence d'architecture spécialisée dans la réalisation de stations spatiales et les voyages sur Mars. Il a ensuite travaillé pour la Sonacotra - foyers de travailleurs immigrés -, puis aussi avec les architectes de l'urgence ces dernières années, avec son fils Théotime Gerber.

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La griesche d'hiver
Contre le temps qu'arbre défeuille,
Qu'il ne remaint en branche feuille
Qui n'aille à terre,
Par pauvreté qui moi atterre,
Qui de toutes parts me muet guerre
Contre l'hiver,
Dont moult me sont changés les vers,
Mon dit commence trop divers
De pauvre histoire.
Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire,
Et pauvre rente,
Et froid au cul quand bise vente :
Le vent me vient, le vent m'évente
Et trop souvent
Plusieurs foïes sent le vent.
Bien me l'eut griesche en couvent
Quanques me livre :
Bien me paie, bien me délivre,
Contre le sou me rend la livre
De grand pauverte.
Pauvreté est sur moi reverte :
Toujours m'en est la porte ouverte,
Toujours y sui
Ni nulle fois ne m'en échuis.
Par pluie mouill', par chaud essui :
Ci a riche homme !
Je ne dors que le premier somme.
De mon avoir ne sais la somme,
Qu'il n'y a point.
Dieu me fait le temps si à point
Noire mouche en été me poind,
En hiver blanche.
Issi sui comm' l'osière franche
Ou comm' les oiseaux sur la branche :
En été chante,
En hiver pleure et me guermante,
Et me défeuille aussi comm' l'ente
Au premier gel.
En moi n'a ni venin ni fiel :
Il ne me remaint rien sous ciel,
Tout va sa voie.
Les enviails que je savoie
M'ont avoyé quanques j'avoie
Et fourvoyé,
Et fors de voie dévoyé.
Fols enviaux ai envoyé,
Or m'en souviens.
Or vois-je bien, tout va, tout vient :
Tout venir, tout aller convient,
Fors que bienfait.
Les dés que les déciers ont fait
M'ont de ma robe tout défait ;
Les dés m'occient,
Les dés m'aguettent et épient,
Les dés m'assaillent et défient,
Ce pèse moi.
Je n'en puis mais, si je m'émeus :
Ne vois venir avril ni mai,
Voici la glace.

Or sui entré en male trace ;
Les trahiteurs de pute extrace
M'ont mis sans robe.
Le siècles est si plein de lobe !
Qui auques a, si fait le gobe ;
Et je, que fais,
Qui de pauvreté sens le fait ?
Griesche ne me laisse en paix,
Moult me dérroie,
Moult m'assaut et moult me guerroie ;
Jamais de ce mal ne garroie
Par tel marché.
Trop ai en mauvais lieu marché ;
Les dés m'ont pris et emparché :
Je les claims quitte !
Fol est qu'à leur conseil habite :
De sa dette pas ne s'acquitte,
Ainçois s'encombre ;
De jour en jour accroit le nombre.
En été ne quiert-il pas l'ombre
Ni froide chambre,
Que nus lui sont souvent les membres :
Du deuil son voisin ne lui membre,
Mais le sien pleure.
Griesche lui a courru seure,
Dénué l'a en petit d'heure,
Et nul ne l'aime.
Cil qui devant cousin le clame
Lui dit en riant : « Ci faut trame
Par lècherie.
Foi que tu dois sainte Marie
Cor, va ore en la Draperie
Du drap accroire ;
Si le drapier ne t'en veux croire,
Si t'en revas droit à la foire
Et va au Change.
Si tu jures Saint Michel l'ange
Que tu n'as sur toi lin ni lange
Où ait argent,
L'on te verra moult beau sergent,
Bien t'apercevront la gent :
Créüs seras.
Quand d'ilueques remouveras,
Argent ou faille emporteras. »
Or a sa paie.
Ainsi vers moi chacun s'apaie :
Je n'en puis mais.

Rutebeuf. 

dimanche 10 mars 2013

RAMP + AUTO-LIGHTER-THAN-A-HUMAN


L'APLQL'H est présentée à la Biennale du design de Saint-Étienne 2013
Demain c'est aujourd-hui 
du 14 mars au 2 juin 2013
Cité du Design

SILK, FINGERS & CAR


DESIGN POVERTY FICTION


GRAND HORNU - BELGIQUE
22-23 MARS 2013



 DESIGN, POVERTY, FICTION is a festival filled with guests, scientific communications, encounters, films, a bar, design experiences and a party. Practitioners and theoreticians, activists, designers and artists will consider poverty as a raw material and will examine the fictionalization of poverty. They will exchange views on the question of fundamental human needs, hidden wealth and new forms of exploitation of workers… The festival is deriving from a reflection between practitioners and theoreticians and its shape is offered to Master students of 3 European school of art and design. They are proposing the display, the artistic part and the festive programming. 


DESIGN, POVERTY, FICTION makes the hypothesis that design is a (very sophisticated) weapon to maintain order, a practice that plays with its own transparency without knowing it, like a clever illusionist.

DESIGN, POVERTY, FICTION wishes to provoke this state of mind, and the contemporary aesthetics linked to it, by confronting them with an existential quest, that could be contradictory, provocative, or lead to take the question from another point of view. The target is to bump into the materialist worlds imaginary.

DESIGN, POVERTY, FICTION makes the cynical assessment that, in our hyper organized occidental societies, the way back to poverty is a design object. Poverty is designed. 

Design has frequently been described as a slave to the material society, a tool of the society of spectacle, of the endless entertainment. The race towards abundance leads to excessive consumption and the ever-increasing desire to satisfy “false” needs.

In a too simple opposition, it is often proposed nostalgia of the time before materialism, a quest for poverty, morality… According to us, this subservience to frugality and asceticism make design the ideal bard to maintain poverty.
How could we avoid this simplistic dualism? What could come after materialism? Could there be different choices, different projects beyond the way back to a survival economy or below the hedonistic, overexploited, exponential materialism? What spaces could be left for thoughts, for imagination?


 DESIGN, POVERTY, FICTION est un festival, qui associe des communications scientifiques , des rencontres, des projections de films, un bar, des expériences de design et des propositions festives. Des théoriciens et des praticiens dialoguent sur la question des besoins humains fondamentaux, des richesses cachées, des formes d’exploitation du travail à interroger. Il est issu d’une réflexion entre designers et théoriciens et la forme à construire est offerte aux étudiants de 4ème et 5ème année et de Master de trois écoles d’art et design en Europe, qui en proposent le display, la part artistique et la programmation festive.
Mechanical Turk, néo-primitivisme, culture punk, hard discount, vie dans le désert, potlatch, discours contradictoires de l’aide humanitaire, salariat vs. aides sociales…



DESIGN, POVERTY, FICTION pose l’hypothèse que le design est une arme de maintien de l’ordre (très perfectionnée), une pratique se jouant sans cesse de sa transparence, illusionniste savante, sans le savoir.
DESIGN, POVERTY, FICTION souhaite provoquer cette morale et ces esthétiques contemporaines en les confrontant à différentes quêtes existentielles parfois contradictoires, provocantes, voire à rebours. Objectif : un monde matérialiste à bousculer dans son imaginaire même.
DESIGN, POVERTY, FICTION part du constat cynique que, dans les sociétés occidentales hautement organisées, le retour de la pauvreté est un objet de design. La pauvreté se dessine, se conçoit. Serait-elle esthétique, serait-elle volontaire ? Le nec plus ultra de l’être bobo serait-il d’être hobo ?