dimanche 4 novembre 2012

BILLET SUR LE POST-MATÉRIALISME

Sujet réactualisé à propos d'un futur festival de conférence au Grand Hornu (Belgique) en mars 2013 sur le thème de Designing Poverty. Programme à venirParticipants Ensad, Esba-Angers, Sandberg Instituut-Amsterdam, One Minute foundation.
Ce billet fut publié sur Mediapart, le 07/07/2009

"En définissant un projet de société comme support à son intention politique, le PS opère son évolution attendue. Il devient surprenant dès lors qu'il choisit d'imaginer ce que pourrait être le post-matérialisme comme territoire théorique. En intention, on pourrait ainsi quitter le champs des horreurs mis à nu par la crise, pour enfin construire le bien-être, le bien vivre ensemble. Or cela ne peut se construire que si les formes du matérialisme sont elles aussi découvertes et remises en cause. C'est certainement sur ce point qu'achoppera le projet du PS, mais aussi celui de toutes les bonnes volontés tant que le registre des formes sera aussi mal maîtrisé, aussi peu critiqué, jamais remis en cause, en particulier dans le domaine du design. Car le design est par son appellation même, très généraliste, c'est à dire un "projet" au sens global. Et ses formes sont la résultante de l'adhésion à ce devenir global. D'un canapé à un parfum, d'une auto à un pot de fleur, le design exhale la société matérialiste par tous ses pores, qu'il soit expérimental ou quotidien, il fournit automatiquement, plus efficacement que la chaîne fordiste, plus rapidement que la publicité, le support formel de la société commanditaire. Celle-ci le fait autoritairement, sur le mode de l'objet ou la mort, et lui s'exécute sans mauvaise conscience, car c'est inscrit au cahier des charges. Tout cela sur un mode économique relativement précaire, et sur un territoire parfaitement globalisé, imposant son expression imaginaire comme le paradigme volumétrique de nos idéaux.
La béatitude qui accueille quotidiennement les objets du désir sur la scène sociale n'est que l'impossibilité de s'imaginer autrement que sur-équipé pour toutes les situations qu'elles soient même post-matérialistes. Mais hélas le design, grossière erreur sémantique, ne pourra qu'être le projet de la forme contre la vie, quoiqu'il arrive.

Par contre, en toute radicalité, imaginer un post-design à venir serait le préambule nécessaire à toute intention sincère de projet de vie : les formes enfin étudiées seraient soumises à une difficile subsistance, les imaginaires seraient enfin servis en matières à pensées, les décadrages seraient quotidiens et occuperaient les hommes dans la vacuité de leurs existences pour habiter, enfin, leurs vies."