Sujet réactualisé à propos d'un futur festival de conférence au Grand Hornu (Belgique) en mars 2013 sur le thème de Designing Poverty. Programme à venir. Participants Ensad, Esba-Angers, Sandberg Instituut-Amsterdam, One Minute foundation.
Ce billet fut publié sur Mediapart, le 07/07/2009
"En définissant un projet de société comme support à son intention
politique, le PS opère son évolution attendue. Il devient surprenant dès
lors qu'il choisit d'imaginer ce que pourrait être le post-matérialisme
comme territoire théorique. En intention, on pourrait ainsi quitter le
champs des horreurs mis à nu par la crise, pour enfin construire le
bien-être, le bien vivre ensemble. Or cela ne peut se construire que si
les formes du matérialisme sont elles aussi découvertes et remises en
cause. C'est certainement sur ce point qu'achoppera le projet du PS,
mais aussi celui de toutes les bonnes volontés tant que le registre des
formes sera aussi mal maîtrisé, aussi peu critiqué, jamais remis en
cause, en particulier dans le domaine du design. Car le design est par
son appellation même, très généraliste, c'est à dire un "projet" au sens
global. Et ses formes sont la résultante de l'adhésion à ce devenir
global. D'un canapé à un parfum, d'une auto à un pot de fleur, le design
exhale la société matérialiste par tous ses pores, qu'il soit
expérimental ou quotidien, il fournit automatiquement, plus efficacement
que la chaîne fordiste, plus rapidement que la publicité, le support
formel de la société commanditaire. Celle-ci le fait autoritairement,
sur le mode de l'objet ou la mort, et lui s'exécute sans mauvaise
conscience, car c'est inscrit au cahier des charges. Tout cela sur un
mode économique relativement précaire, et sur un territoire parfaitement
globalisé, imposant son expression imaginaire comme le paradigme
volumétrique de nos idéaux.
La béatitude qui accueille quotidiennement
les objets du désir sur la scène sociale n'est que l'impossibilité de
s'imaginer autrement que sur-équipé pour toutes les situations qu'elles
soient même post-matérialistes. Mais hélas le design, grossière erreur
sémantique, ne pourra qu'être le projet de la forme contre la vie,
quoiqu'il arrive.
Par contre, en toute radicalité, imaginer un
post-design à venir serait le préambule nécessaire à toute intention
sincère de projet de vie : les formes enfin étudiées seraient soumises à
une difficile subsistance, les imaginaires seraient enfin servis en
matières à pensées, les décadrages seraient quotidiens et occuperaient
les hommes dans la vacuité de leurs existences pour habiter, enfin,
leurs vies."